Cet article est pour vous si vous voyez l'intérêt de l'écriture inclusive, mais que vous ne voulez pas utiliser le point médian.
Et si vous vous demandez encore pourquoi le masculin l’emporte sur le féminin, j’en parle là !
Pourquoi cet article ? Je parle un peu partout sur la toile des différentes méthodes de français inclusif qui existent en plus du point médian (je parle plus en détail du point médian dans cet article), mais personne ne voit tout ce qui est publié... Une question revient souvent “C’est bien gentil, mais je fais comment ?” Me voici donc avec cet article qui centralise toutes ces méthodes !
À la fin de cet article, vous comprendrez pourquoi c’est une erreur de dire que “l’écriture inclusive, c’est moche et illisible” avec une fin de non-recevoir. En appliquant ces méthodes d'écriture inclusive (sans point médian ou autres symboles typographiques), vous vous apercevrez que la plupart des gens ne se rendront pas compte que vous écrivez en langue inclusive (parce que ce n’est pas moche et illisible, si ça ce n’est pas un beau raisonnement circulaire). De quoi refléter vos valeurs dans la langue sans pour autant perdre en style.
Car l'important, c'est d'avoir le choix ! Suivez la guide
Tout d’abord, quelques conseils et bonnes pratiques
Oui, mais… Les objections
Pas besoin de s’y intéresser pendant des heures pour constater que l’écriture inclusive (également appelée français inclusif, langage inclusif, rédaction épicène, langage non sexiste...) a le chic pour déchaîner les oppositions. Mais ceux qui luttent bec et ongle contre ne sont-ils pas ceux qui luttaient avant contre le droit de voter, de conduire, d’étudier de certaines catégories de personnes… Donc ça ne doit pas décourager les bonnes volontés.
L’écriture inclusive appauvrit la langue ?
Question de point de vue. La langue est un outil. Un marteau peut servir aussi bien à blesser ou construire une maison. Le problème n’est pas le français inclusif, mais la façon dont vous vous l’appropriez. Vous verrez que bien utilisés, ces conseils pourront même vous aider à enrichir votre vocabulaire, améliorer votre style, en vous poussant à vous interroger sur vos choix de mots, chercher des synonymes, des alternatives, des images… D'ailleurs, vous allez voir qu'ici, à une ou deux exceptions près, on ne déroge pas tant que ça à notre bonne vieille grammaire, on se contente de privilégier certaines règles plutôt que d'autres.
L’écriture inclusive, c’est lourd ?
Et bien, pas nécessairement. Vous allez voir que souvent, le plus simple, c’est d’en enlever, pas d’en rajouter.
Comment utiliser ces conseils
En parler c’est bien, appliquer, c’est mieux. N’essayez pas de tout retenir d’un coup, Rome ne s’est pas construite en un jour. Choisissez une ou deux méthodes qui vous plaisent, testez-les, puis recommencez avec d’autres une fois que vous êtes à l’aise. N’attendez pas la perfection pour commencer.
Utiliser des tournures inclusives, oui, mais la démarche ne doit pas s’arrêter là
Pensez aux autres formes de représentation
- les images
- la composition des panels de spécialistes que vous invitez
- les femmes ne sont pas la seule minorité à mettre en valeur, ni la seule qui souffre dans la langue !
Oubliez les solutions uniques
Le choix de telle solution plutôt qu’une autre se fait en fonction du contexte, de l’objectif du texte, de la place des termes (titre, corps de texte), du lectorat, des souhaits de votre clientèle… Comme me disait ma maman "Ne me parle pas comme si j'étais ta copine !" Il n'y a jamais une seule façon de s'exprimer
- Dans certains contextes, il vaut mieux privilégier les formes féminines pour rendre visibles les femmes dans les secteurs où elles sont habituellement absentes (je pense notamment à la politique et aux sciences).
- Dans d’autres, il vaut mieux privilégier les tournures neutres et épicènes (qui prennent la même forme au masculin ou au féminin) pour ne pas exclure les personnes non binaires, trans… (typiquement, la santé)
- Dans d'autres textes encore, ouvertement militants, l'écriture inclusive peut se rendre visible sans complexe. Welcome, les points médians, "iels" et autres néologismes !
- De la même manière, certaines solutions sont plus faciles à utiliser que d’autres en combinaison avec des adjectifs, ce qui peut influencer votre choix.
- Et à l'oral, c'est encore différent, car certaines terminaisons genrées ne s'entendent pas (Je suis fier/Je suis fière), ce qui modifie encore le champ des possibles.
Je le dis et le répète, l’idée est de commencer à réfléchir consciemment à son utilisation de la langue. Pas de plaquer un modèle tout fait et appris de manière scolaire à la place du précédent.
Et maintenant, place aux techniques !
Les méthodes d’écriture non sexiste
Pour commencer, il faut identifier les mots masculins qui désignent des personnes (et pas expressément des hommes bien précis, naturellement. Tout cela ne s’applique PAS si le masculin désigne un homme clairement identifié comme tel ! (Ça me paraissait évident, mais ça ne l’est apparemment pas pour tout le monde)).
Oubliez les tables et autres guéridons, un argument qui revient assez souvent. On parle bien de personnes, les objets inanimés n’ont pas de sentiments ni de genre autre que le genre grammatical, et n’ont rien à faire dans la discussion (tiens, je me demande si “homme de paille” aurait son équivalent générique ?).
Puis on substitue ces termes.
En bonne traductrice, je vous dirai que le CONTEXTE est toujours primordial. Souvent, les informations contenues dans ce masculin générique qui vous gêne sont ou peuvent être contenues ailleurs dans la phrase ou le texte, il ne faut pas avoir peur de déplacer l’info.
Tout comme on ne traduit pas forcément un verbe par un verbe, on n’est pas obligé de remplacer un nom masculin par un autre nom. Et ce ne sont pas les alternatives qui manquent !
(Tous les exemples suivants sont tirés de la vie réelle. Du concret, on a dit, du concret.)
Les figures de style
- « Déshumaniser » par un nom collectif : les employés → l’équipe ou l’entreprise ; les habitants → la population ; les soignants → le personnel soignant
- en remplaçant la personne par la fonction : les traducteurs → les métiers de la traduction ; les sophrologues → la sophrologie
- ou bien en décrivant l’action plutôt que le métier : Nous faisons appel à un photographe → Nous organisons une séance photo
- Métonymie (fait d’exprimer une réalité en utilisant un mot différent qui a un rapport avec la première). Par exemple : les habitants de Rome/les Romains → Rome ; les avocats → le barreau
- Métaphores : les meilleurs → la crème de la crème, le haut du panier...
- Adresse directe : Les participants doivent apporter un stylo → Pensez à apporter un stylo ; le sophrologue fait XYZ → votre sophrologue fait XYZ
La reféminisation
- Les doublets : les traducteurs et traductrices
- Nommer les femmes au féminin, tout simplement : l’ambassadrice, la pharmacienne… et bien sûr, l'autrice et l'écrivaine !
- L'alternance entre masculin et féminin dans les énumérations, au lieu du tout masculin
- La féminine générique ou féminin générique : au lieu de tout accorder au masculin, tout accorder au féminin. Très utile si votre public est essentiellement ou majoritairement composé de femmes.
- "Bonus" qui se rapproche d'une féminisation : le substantif "personne" (qui permet ensuite d'accorder au féminin) : les militants → les personnes militantes.
La neutralisation = écrire au neutre
- Termes épicènes (qui se disent pareil au masculin et au féminin) : les experts → les spécialistes. Pour ça, je vous renvoie au dictionnaire d’Isabelle Meurville
- Quand le contexte est suffisamment clair, penser aux hyponymes/hyperonymes : par exemple, cardiologue, oncologue et pédiatre sont des hyponymes de médecin et “médecin” est l’hyperonyme (tous les cardiologues sont des médecins, mais tous les médecins ne sont pas cardiologues). Ou encore sculpteur → artiste
- Chiffre (surtout avec les épicènes) : un psychologue → 1 psychologue
- Pluriel (surtout avec les épicènes) : le cardiologue → les cardiologues (même forme au pluriel pour le masculin et le féminin)
- Apocope (suppression d’une ou plusieurs syllabes à la fin d’un mot) : professeur → prof
- Pronoms relatifs neutres comme quiconque, personne : ceux qui veulent → quiconque veut...
- Néologismes militants, plus concis qu’un doublet
- Autaire, rédactaire ou traductaire au lieu d’auteur, rédacteur, traducteur.
- La forme contractée "spectateurices" au lieu de spectateurs et spectatrices
- Sans oublier le fameux "iel" au lieu de il ou elle (ça ne résout pas le problème de l’accord des adjectifs)
La réécriture
J’aurais peut-être dû commencer par là, car c’est souvent la solution la plus simple et celle qui améliorera le plus vos textes (et pas que pour l’écriture inclusive)
- Omission : et oui, quand le contexte est assez clair, le plus simple c’est d’enlever des mots, pas d’en rajouter : le psychologue et le sophrologue collaborent → psychologue et sophrologue collaborent ; Le Comité d’entreprise a proposé une animation aux employés → Le Comité d’entreprise a proposé une animation (on se doute bien que c’est pour le personnel de l’entreprise)
- Reformuler : se demander si l’info portée par un nom masculin désignant une personne ne peut pas être précisée ailleurs. Une question à se poser : est-ce qu’on a vraiment besoin de savoir qu’une personne non identifiée a fait l’action.
- ou encore, passer de la voix passive à la voix active : les retraités sont épargnés par la crise économique → la crise économique épargne les personnes à la retraite
Si ces méthodes vous ont convaincue et que vous voulez les mêmes dans vos textes, contactez-moi, je vous accompagnerai dans la rédaction, la traduction ou l’adaptation de vos textes en langue inclusive.
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